par Sébastien Lamy
publié le

J'en ai pour une minute !

Ce jeudi 19 mai au soir, l’association Pau à Vélo a interpellé le public au sujet du stationnement sauvage sur les voies cyclables et les trottoirs. Sous un format théâtralisé, elle a reproduit « façon vélo » le comportement de nombreux automobilistes qui stationnent sur les espaces réservés aux piétons et aux cyclistes.

Le stationnement sauvage sur les voies cyclable, les trottoirs, et les espaces réservés aux piétons et à la sécurité (passage piéton, proximité d’intersection) est un vrai problème dans notre ville. Sur le boulevard des Pyrénées, par exemple, la voie verte est régulièrement squattée par des livreurs, des automobilistes, des motards, les véhicule de service de la ville et même parfois les services de police.

« J’en ai pour une minutes » est l’argument le plus souvent utilisé pour justifier ces infractions. La sommes des minutes réquisitionnées par différentes personnes sur un même lieu donne ainsi régulièrement un total de plusieurs heures, pénalisant au quotidien ceux qui se déplacent à pied ou à vélo.

La plupart du temps, les conducteurs s’imaginent que les piétons et les cyclistes ont la place de se faufiler, ou peuvent facilement les contourner sans être trop gênés. La réalité est moins simple.

  • Ce raisonnement trop facile ignore les personnes à mobilité réduite (poussette, fauteuil roulant), et les vélos de transport qui se font de plus en plus nombreux en ville (vélo cargo, vélo avec remorque).
  • Pour tous ceux dont le trottoir ou la voie cyclable a été squatté, le contournement du véhicule stationné entraîne des situations à risque, surtout s’il oblige à se déporter sur une voie de circulation. Pour les plus petits en particulier, le véhicule stationné bouche systématiquement leur visibilité et les rend eux-même invisibles. Les personnes agées qui marchent lentement et doivent descendre sur la route, les personnes les moins à l’aise en vélo qui doivent quitter leur voie cyclable sont aussi très impactées par ces situations.

A l’heure du challenge mobilité école de notre agglomération, comment réclamer aux enfants et parents de se déplacer autrement qu’en voiture si tout l’espace alloué aux autres mobilités est régulièrement interrompu par des véhicules en infraction obligeant à se mettre en danger ?

Symboliquement comme physiquement, ce sont les usagers les plus puissants et les plus polluants qui s’approprient l’espace réservé aux usagers les plus vulnérables et les plus vertueux. Pourtant, c’est déjà la grande majorité de l’espace public qui est actuellement alloué aux déplacements motorisés.

Depuis 2015, le stationnement sur voie cyclable ou sur trottoir est considéré comme un stationnement très gênant et fait encourir une amende de 135 euros.

Et souvent, avec un peu de bonne volonté et de considérations pour les usagers les plus vulnérables, les solutions existent :

  • Marcher un peu, c’est bon pour la santé. En centre ville, dans l’espace le plus contraint, beaucoup de parking sont libres et accessibles à moins de 10mn à pied.
  • Utiliser un diable ou un transpalette pour les livraisons permet de se garer correctement un peu plus loin.
  • La verbalisation systématique (même pour deux minutes) semble un mal nécessaire pour faire changer les mentalités dans notre ville. Mais elle ne semble pas à l’ordre du jour. Devant le conservatoire par exemple, alors que le parking Beaumont est à deux pas, les A.S.V.P ont comme consigne de faire preuve d’indulgence face au stationnement abusif aux horaires d’ouverture. Voie cyclable, passage piéton et trottoirs sont donc ainsi réquisitionnés aux dépens des petits ou des grands qui ne se déplacent pas en voiture. Notre association appelle à cesser la complaisance systématiquement observée pour ce type d’infraction.
  • Les aménagements peuvent changer pour améliorer les usages.
    • Sur le Boulevard des Pyrénées par exemple, notre association réclame de longue date une piétonisation. Dans une aire piétonne, le stationnement est interdit, et les livreurs sont à leur aise dans les horaires qui leur sont allouées.
    • Dans les endroits où les infractions sont régulièrement constatées, il est possible d’envisager des protections par des potelets. A Pau malheureusement, la tendance est plutôt à la suppression de ce type de protection. Ainsi rue Bernadotte, les trottoirs sont constamment squattés depuis que les potelets y ont disparu.
  • Enfin, pour les livraisons dans l’espace contraint qu’est le centre-ville de Pau, il existe aussi un service de livraison en vélo-cargo sur les derniers kilomètres (les triporteurs palois). Ce type de solution est bénéfique pour tout le monde : moins de pollution en ville, une livraison plus rapide et un espace publique moins encombré.

Notre association espère contribuer à faire évoluer les mentalités, et à invite les pouvoirs publics à se mobiliser sur le sujet.